Pierre Laville - site officielPierre Laville

Adaptations, versions scéniques, mises en scène (1976-1991)


Intrigue et Amour

D'après Kabale und Liebe de Friedrich von Schiller

créationRadio / France Culture : Nouveau Répertoire de Lucien Attoun (1976)

Avec : Alain Cuny, Francine Bergé, Edith Scob, Pierre Vaneck, Jacques Debary, Lucienne Lemarchand, Jean-Pierre Jorris, Jean Martin, Jean-Louis Maury, Albert Medina, Anne-Marie Coffinet, Pierre Garin, Jean-Jacques Steen, André Weber, Jean Mauvais.


Carmen

Dramaturgie de la nouvelle présentation de l'opéra de Georges Bizet

operaOpéra de Paris, représentations au Palais des Sports (1981)

Avec : Viorica Cortez, Joann Grillo, Alexandrina Miltcheva, Stefania Toczyska dans le rôle de Carmen, et Vladimir Atlantov, Guy Chauvet, Jean Dupouy, Alain Vanzo dans celui de don José... . Mise en scène de Marcel Maréchal, direction musicale Alain Lombard, Marc Soustrot et Jean-Pierre Jacquillat

Pense à l’Afrique

D'après Think of Africa de Gordon Dryland

Pense à l'Afrique
Édition :
Avant-Scène
Pense à l'Afrique

créationCréation à Paris - Théâtre du Rond-Point des Champs-Éysées / Compagnie Renaud-Barrault (1984)

Mise en scène Jean-Pierre Granval
Décors et costumes Ghislain Uhry.

Avec : Madeleine Renaud, Jean-Pierre Aumont, Martine Pascal, Denise Noël, Gérard Lorin.

Pense à l'Afrique
Pense à l’Afrique / Jean-Pierre Aumont et Madeleine Renaud

Critique / Dominique Jamet

"Oublions l'Afrique pour ne nous attarder un moment, une fois encore, qu'à Madeleine Renaud, dans ses petites robes simples, dans son simple manteau noir. De l'imperceptible indication d'un doigt levé, d'une inflexion, d'une main qui cherche une autre main et se pose sur elle, comme un petit oiseau, avec ses petites manières de grande dame, et ce privilège, qui n'appartient qu'à elle, d'illuminer son visage, de rayonner du rose, et cette innocence d'enfant élevée au collège de la Légion d'Honneur, et cette fragilité de porcelaine transparente, et cette solidité d'indestructible vieille dame trotte-menu, et cette dureté, soudain, du regard devenu noir, elle contient jusqu'aux ultimes répliques, où elle-même (même elle !) en est éclaboussée de quelques gouttes, par le tour évident d'une invisible magie le flot menaçant du ridicule où s'en­gloutissent l'un après l'autre, après avoir vaillamment lutté, vaincus enfin par des rôles écrasants et des situations tartignolissimes Martine Pascal, Jean-Pierre Aumont, Gérard Lorin enfin. Mais cela ne tient qu'à elle, qui donne l'impression qu'on entend les soupirs de la suinte et les cris de la fée même quand elle récite l'annuaire du téléphone. Tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle fait est aujourd'hui nimbé d'un charme déjà légendaire, et les portes du grotesque ne prévalent point contre elle.

Quelle actrice, mais quelle histoire, quelle histoire ! Une imagination et un sens psychologique incontestables, beaucoup d'excellentes répliques dans le registre de la cruauté, et qui permet­tent à Madeleine Renaud de distiller avec une incomparable suavité d'épouvantables vacheries — ne peuvent masquer bien longtemps la réalité d'une intrigue qui nous revient d'ailleurs."

Still Life (Nature Morte)

D'après Still Life d’ Emily Mann

Still Life
Édition :
Avant-Scène
Still Life

créationCréation au Festival d’Avignon(1984)
Théâtre de la Bastille
Tournée (1985)
Filmé par FR3

Mise en scène Jean-Claude Fall
Décors et costumes Gérard Didier, musique Ghédalia Tazartes.

Avec : Jean-Quentin Chatelain, Christiane Cohendy, Laurence Roy.

Still Life - Pierre Laville et Emily Mann
Still Life / Laurence Roy, Christiane Cohendy et Jean-Quentin Chatelain

Critique / Caroline Alexander

"La révélation de la première mi-temps du Festival aura été à l'unanimité Still LifeNature morte »), une pièce étrange et forte comme un alcool d'une jeune Américaine de trente ans, Emily Mann, adaptée intelligemment par Pierre Laville et superbement montée par Jean-Claude Fall, avec trois comédiens d'une exceptionnelle densité, Christiane Cohendy, Laurence Roy, Jean-Quentin Chatelain.
Trois solitudes qui monologuent au lendemain de la débâcle du Vietnam : l'ancien marin qui a appris au front l'horrible volupté du massacre, sa femme, « bobonne » résignée, sa maîtresse « fo-folle », pur produit de l'« American Way of Life ». Une envoûtante leçon de choses, un instantané cruel et souvent drôle de l'Amérique des années soixante-dix.
"

Still Life - Pierre Laville et Emily Mann
Pierre Laville et Emily Mann

Tournées en france et pays francophones

La Dernière classe

D'après Translations de Brian Friel

La Dernière classe
Édition :
Avant-Scène
la dernière classe

créationCréation à Paris - Théâtre des Mathurins (1984)

Mise en scène Jean-Claude Amyl
Décors et costumes Yuri Kuper.

Avec : Etienne Bierry, Martine Logier, Pascal Greggory, Corinne Dacla, Bruno Pradal, André Weber, Maria Desroche, Florent Gibassier, Bernard Lanneau, Pierre Lafont.

Etienne Bierry
La Dernière classe / Etienne Bierry et Pascal Greggory

Critique / Jacques Nerson (Figaro Magazine)

"Nous sommes au début du XIXe siècle. Les soldats anglais occupent l'Irlande, laquelle fait partie désormais du Royaume-Uni. Sur leurs cartes, les collines, les vallées, les rivières, les ruisseaux, les villages, tout, jus­qu'au moindre carrefour, a changé de nom. Les pay­sages vont-ils donc devenir anglais à leur tour? Owen, le fils de l'Instituteur, croit que l'adoption de la langue anglaise par le peuple irlandais est une étape histori­que à la fois inéluctable et positive. Son frère, Manus, pense le contraire. Avec passion mais sans fanatisme, l'auteur irlandais Brian Friel nous met en garde contré. les périls auxquels s'exposent les peuples qui laissent mourir leur langue maternelle. Le moins qu'on puisse dire, c'est que nous nous sentons directement concer­nés. Une belle pièce, intelligente, forte, nuancée, pleine d'humour, servie par une troupe cohérente, où Étienne Bierry, Martine Logier, Bruno Pradal, Bernard Lanneau et Pierre Lafont se distinguent particulière­ment."

Glengarry Glen Ross

D'après Glengarry Glen Ross de David Mamet (Prix Pulitzer)

Glengarry Glen Ross
Édition :
Actes-Sud Papiers

créationCréation à Marseille - Théâtre national de Marseille / la Criée (1985)
Reprise à Paris au Théâtre Edouard VII (1988)

Mise en scène Marcel Maréchal
Décors et costumes Michael Merritt.

Avec : Francis Perrin, Jacques Fabbri, Michel Robin, Alexis Nitzer, François Siener, Michel Ouimet, Lionel Vitrant.

Francis Perrin et Jacques Fabbri
Glengarry Glen Ross / Francis Perrin et Jacques Fabbri

Critique / Pierre Marcabru (Le Figaro)

"Ils sont six, six vendeurs de terrains, six démarcheurs en immobilier, six hommes en compétition, cherchant à vendre, à vendre encore plus, et toujours menacés de ne pas vendre assez, d'être remerciés, de se retrouver vieux, usés, au point de départ. Six écureuils dans leur cage, méchants, hargneux, mal embouchés, haletants, se harcelant les uns les autres...

Tel est le ton de la comédie de David Mamet que Marcel Maréchal a mise en scène et Pierre Laville adaptée. Du naturalisme décalé vers la précipitation, la férocité, l'ordure, la violence. Rien que des mots jetés, crachés, en une musique singulière, répétitive, redondante, obscène, et que les co­médiens, sur les nerfs, pous­sent à son paroxysme.

Paysage américain? Voyage sur les terres de la concurrence, du conflit, de la compétitivité, de l'épreuve ? Il y a de cela chez Mamet, auteur de trente-sept ans, prix Pulitzer, mais aussi probablement un humour, une distance, une drôlerie hargneuse, qui, me semble-t-il, n'apparaît pas toujours dans la mise en scène de Marcel Maréchal. Juste et directe, au demeurant, mais peut-être trop « humaniste » pour rendre compte exactement de la perversité froide, amusée, cinglante, impitoyable, de Mamet. Du dur comique.

Un acteur, dans ce registre, domine le jeu, c'est Francis Perrin. Tendu, agressif, cou­pant, parfaitement solidaire de l'esprit de l'auteur, étonnamment neuf dans son interprétation. Jacques Fabbri l'est moins, comme pris au piège de ses vieux souvenirs de farceur. En revanche, comme à l'accoutumée, Michel Robin est exceptionnel de présence, d'épaisseur. Dans l'ensemble le rythme est bon, et la direction d'acteurs rapide, nerveuse, à laquelle répondent François Siener, Alexis Nitzer, Michel Ouimet, Lionel Vitrant..."

Reprise à Paris au Théâtre Edouard VII (1988)

Mise en scène Marcel Maréchal
Décors et costumes Michael Merritt.

Avec : Francis Perrin, Pierre Mondy, Michel Robin, François Clavier, François Siener, Michel Ouimet, Lionel Vitrant.

Glengarry Glen Ross
Francis Perrin et Pierre Mondy
Glengarry Glen Ross /Francis Perrin et Pierre Mondy

Critique / Marion Thébaud

"La pièce est méchante, violente, dérangeante. Des coups, K.O. et uppercuts, du théâtre comme un match de boxe. Le contraire du bon vieux mélo au de la romantique comédie. Ici, la vie est un ring. Au centre, l'arbitre qui compte les points, directeur d'une agence immobilière de Chicago. Quand ses vendeurs ne sont plus des champions, il ne jette pas l'éponge mais les jette dehors. Tous résistent jusqu'à la limite de leurs forces. S'il le fallait, ils vendraient même de la glace aux Esquimaux ! David Mamet, le scénariste des " Incorruptibles ", matraque à merveille ces personnages plutôt communs, hargneux, mal embouchés, sans rêve, idéal ou générosité. Ils ne sont plus que des pantins dangereux ; l'homme en eux est anéanti à tout jamais. La pièce de David Mamet adaptée par Pierre Laville met le doigt sur le monde malade du fric avec une sorte de jubilation. Pas de grandes tirades, jamais de prêches, mais des évidences lancées à la volée. C'est une pièce qui se passe, aujourd'hui, à Chicago, États-Unis ; une tranche de réel épicée des ardeurs, des envies, des haines, des basses convoitises de l'humanité. Marcel Maréchal rythme le spectacle sur le tempo voulu. Jamais Francis Perrin n'a paru aussi impressionnant de violence, de concentration dans un emploi nouveau qui lui ouvre les portes de grands rôles dramatiques. Pierre Mondy trouve des accents vrais, forts, pathétiques, bien éloignés du vaudeville, pour cerner l'angoisse de son personnage. François Siener, Michel Robin, François Clavier, tous participent à la réussite d'un spectacle férocement contemporain."

 

Théâtre de Vidy-Lausanne - Nouvelle production (1987)

Avec : Jean-Pierre Malo...


Théâtre du Rond-Point des Champs-Éysées / grande salle - Nouvelle version sous le titre : Glengarry (2000)

Mise en scène Marcel Maréchal

Avec : Philippe Uchan, Michel Duchaussoy, Jean-Marc Thibault, Christopher Thompson, Jean-Pierre Moulin, Antony Cochin, Lionel Vitrant.

Californie, paradis des morts de faim

D'après The Curse of the starving class de Sam Shepard (Prix Pulitzer)

Californie, paradis des morts de faim
Édition :
Actes-Sud Papiers
californie

créationCréation à Marseille - Théâtre national de Marseille / la Criée (1986)

Mise en scène Marcel Maréchal
Décors Roberto Plate, costumes Florence Emir.

Avec : Marcel Maréchal, Nelly Borgeaud, Philippe Demarle, Julie Jezequel, Daniel Berlioux, Alain Crassas, Raoul Billerey, Gérard Lacombe, Michel Demiautte.

Marcel Maréchal
Californie, paradis des morts de faim / Julie Jezequel, Nelly Borgeaud, Marcel Maréchal et Philippe Demarie

Critique / Patrick de Rosbo

Une Cerisaie à l'américaine

"Impossible, en effet, de ne pas nous souvenir de «La Cerisaie», devant la carcasse blessée, la vaste et vulnérable maison de Sam Shepard, ressuscitée par le décor de Roberto Plate, où vit (dangereusement) une famille déchirée, malade, foudroyée d'avance par la férocité du monde qui la cerne, l'étrangle, et qu'elle n'est pas de force à affronter, et moins encore à vaincre.

Un réfrigérateur immense et vide, autour duquel rôdent ces inadaptés, tout en cris et blessures, et comme craintifs devant l'implacable dureté du Ciel qui les ignore et s'apprête à les détruire: insolemment présent depuis que le père (Marcel Maréchal), un matin de saoûlerie, a massacré la porte à coups de hache... Tout ici nous suggère une débâcle où tourbillonnent sans fin ceux qu'elle emprisonne : Weston l'impulsif, enfantin, vacillant, saisi de colères folles, criblé de dettes, imbibé d'alcool, effrayé par une réalité qu'il refuse en s'enfermant dans ses rêves, en s'accrochant aux siens, à ses proches, qui le trahissent ou qu'il entraîne à sa suite au fond de l'eau. Une singulière clarté l'illumine. Voici encore Ella (Nelly Borgeaud), sa femme humiliée et qui. rêve de vendre cette baraque où elle tourne en rond comme une folle, pour filer vers une Europe, mythique, imagi­naire, comme d'autres, jadis, appelaient Moscou...

L'Amérique des dévoreurs, des vainqueurs, face à celle des «misfits»... Et les deux enfants de Weston et d'Ella, eux aussi, seront victimes des mêmes dérives : Emma, l'adolescente révoltée (Julie Jézéquel), qui veut fuir, et qui n'en souffre que davantage de voir sombrer autour d'elle tout ce qu'elle aime; enfin, Wesley, son frère (Philippe Demarle), un jeune sauvage écorché vif et qui, volant au secours de ses parents qui se noient, subit de plein fouet leur chute verticale.

Lyrisme et chaleur, discordance et fièvre. On ne saurait échapper aisément à la sensualité, à la violence, à la respiration large que nous imposent la mise en scène de Marcel Maréchal, l'adaptation de Pierre Laville: l'un et l'autre soucieux de nous restituer d'abord une malédiction dont saignent, et mourront finalement (on le devine), ces êtres de chair et de sang, victimes des affairistes, des escrocs, des rapaces, que Shepard n'absout pas plus qu'il ne les condamne.

En vain s'efforceront-ils de leur échapper, éclaires qu'ils sont (fusillées?) par le regard implacable, mais aussi curieusement tendre, d'un témoin attentif à nous faire sourire de leurs illusions, de leurs faiblesses, de leurs chimères avortées, de leurs espoirs déçus, symbolisés peut-être par l'agneau qui se réfugie, malade, à l'intérieur de la maison en survie, avant qu'intervienne le rituel irrévocable de l'égorgement. Et le plus grand mérite de Marcel Maréchal est sans doute aussi de nous faire éprouver, au plus secret de nous-mêmes, avant l'acier du couteau, le feu de la plaie."

Théâtre de la Satire à Lyon - Nouvelle production sous le titre : Starving Class (1988)

Mise en scène Bruno Carlucci.

American Buffalo

D'après American Buffalo de David Mamet (Obie Award)

American Buffalo
Édition :
Actes-Sud Papiers
American Buffalo

créationCréation à Paris - Théâtre Tristan-Bernard (1986)

Mise en scène Marcel Maréchal
Décors et costumes Yuri Kuper.

Avec : Philippe Leotard, Stéphane Bierry, Alexis Nitzer.

American Buffalo
American Buffalo / Philippe Leotard, Stephane Bierry et Alexie Nitzer
Philippe Leotard, Stephane Bierry et Alexie Nitzer Philippe Leotard, Stephane Bierry et Alexie Nitzer Philippe Leotard, Stephane Bierry et Alexie Nitzer
Aléas et turbulances d'une distribution ...

Critique / Alain Leblanc (Paris-Match)

"Paris découvre David Mamet, grâce à « American Buffalo », la pièce que Philippe Léotard, Laurent Malet et Daniel Gélin défendent sur la scene du théâtre Tristan-Bernard. A 38 ans, Mamet est l'auteur d'une bonne douzaine de succès. II écrit en huit jours des pièces qui tiennent l'affiche pendant des mois. Comme hier Miller et Tennessee Williams, il est en train de devenir l'auteur chéri des Américains. Jouée près de 1 200 fois par Al Pacino et Robert Duvall qui, entre deux films, s'empressent de reprendre la pièce à Broadway, « American Buffalo » a hissé d'un coup sur le podium le petit juif de la banlieue de Chicago et l'a transplanté à Central Park où il occupe aujourd'hui - succès oblige - un appartement de star a coté de Woody Allen. Non qu'il affectionne particulièrement New York. Au contraire. Il a une sainte horreur des villes et, dès qu'il le peut, s'empresse de fair dans le Vermont oil il possède une maison entre un cimetière habité par les héros de la guerre de Sécession, et un lac peuplé de castors. Taillé comme un bûcheron, Mamet ne se plaît que dans les bois. Quand il ne chasse pas l'ours, à l'arc, au pisto­let, ou au couteau avec Pierre La­ville, l'adaptateur d'« American Buffalo » et de ses œuvres à venir pour la France, il se réfugie dans une cabane en rondins qui ne connaît ni le téléphone ni l'électri­cité. Là, avec pour seule compagnie une vieille machine à écrire, il concocte dans le calme infini de la nature des pièces terribles sur la violence des villes, la délinquance et l'agression. C'est sa manière à lui, outre la chasse et le jeu de cartes, de défouler ses angoisses. Ce qui n'empêche pas David Mamet d'être un tendre. Et sous le « slang » (parler argotique américain), de laisser entendre la douce plainte des hommes en quête de pureté et perpétuellement déçus."


Critique / Alain Morel

"Dans cette antre de brocanteur qui tient plus de la caverne à oripeaux que de la petite boutique des valeurs, il n'y a plus beaucoup de bon­heur à vendre. Quelques projets miteux, quelques coups de gueule boiteux, quelques magouilles véreuses... voilà le seul capital pour faire la nique au désespoir. Le seul trésor de trois paumés qui s'accrochent comme des sangsues à des seconds rôles que personne ne leur propose.

Le premier, c'est l'homme du bon sens à deux sous. Le vieux sage de série C. Le « surgé » paternaliste, un brin équivoque, qui rassure et qu'on manipule. Alexis Nitzer le campe sans fioritures avec peut-être même une discrétion à la limite de la maladresse.

Le deuxième, c'est le gamin écorché, l'invalide de nais­sance, le condamné aux dérives. En quête d'amour, en quête de père, en quête de poudre, il a les traits de Sté­phane Bierry dont le jeu hypersensible nous révèle un acteur instinctif de tout premier plan.

Et puis il y a Prof, personnage principal et principal motif de la pièce de Mamet. Prof qui symbolise tous les Arlequin bredouilles, tous les poètes sans rime, tous les aigris au cœur de star. Et Prof, c'est Philippe Léotard, dont il serait scandaleux d'ignorer la prestation plus de temps qu'il n'en faut pour réserver sa place.

Subtilement mis en scène par un Marcel Maréchal qui oriente les voix et les silences comme s'il écrivait une chanson de geste, Léotard est tout simplement prodigieux de présence, de créativité et de réalisme. Pas une grimace, sur sa tronche de basset artésien, qui n'ajoute au relief de son discours ; pas une in­flexion impropre ; pas un geste conventionnel. On dirait du Michel Simon, du Boudu sauvé des eaux-de-vie, du Jouvet renonçant à une dignité robotisée, du Le Vigan tro­quant sa camisole pour une cravate de bonimenleur !

Tout en saccades, saillies et anticipations, il irradie le texte et les intentions de David Mamet, confirmant que l'Amérique tient bien avec lui un Beckett des années quatre-vingt-dix, un Pinter du quoti­dien, un de ces ciseleurs d'atmosphère qui savent que les plus profonds regards sur le monde s'écrivent, dans le théâtre moderne, autant avec des mots qu'avec des souffles."

Création en Suisse - Théâtre de Vidy-Lausanne (1997)

Good

D'après Good de Cecil P.Taylor

Radio / France Culture : Nouveau Répertoire de Lucien Attoun (1985)

Avec : Claude Rich, Richard Bohringer, Nelly Borgeaud, Pascale de Boysson, Romain Weingarten, Marcel Bozzufi, Philippe Laudenbach, Claude Aufaure, Françoise Bette, Bruno Balp, Jean-Paul Richepin, Jean Lescot, Roland Ménard.

Good

créationCréation au Festival de Sète (1986)

Mise en scène Jean-Pierre Bouvier
Décors et costumes Charlie Mangel.

Avec : Jean-Pierre Bouvier, Sam Karmann, Hélène Arié, Nadine Basile, Isabelle Gélinas, Henri Deus, Rémi Devos, Dominique Santarelli, Bernard Charnace, Véronique Toussaint, Dominique Virton.

Good
Good / Isabelle Gelinas et Jean Pierre Bouvier

Critique / Fabienne Pascaud (Télérama)

"Découverte d'un passionnante et forte pièce américaine, au dernier Festival de Sète. Traduite par Pierre Laville, Good d'un certain Taylor, mort dans les années 1980, raconte en effet la conversion au nazisme d'un intellectuel allemand ordinaire ; quand commence à pointer Hitler. Mené comme un procès mais construit comme une partition musi­cale, le spectacle mêle intelligemment comédie sentimentale, drame politique et suspens psychologique. C'est dru et sans cesse haletant. La mise en scène et l'interprétation de Jean-Pierre Bouvier, subtiles, permettent de re-découvrir un comédien qu'on avait trop cantonné sur le « boulevard » au rôle de partenaire attitré de Michel Morgan. À quand Good à Paris? "

Edmond

D'après Edmond de David Mamet (Obie Award, meilleur piece)

Edmond
Édition :
Actes-Sud Papiers

Edmond

créationCréation à Lille - Ballatum Théâtre (1986)

Mise en scène Eric Lacascade, Guy Alloucherie.

Avec : Gilles Defacque, Guy Alloucherie, Martine Cendre, Eric Lacascade, Denis Cacheux, France Cohen, Alain Dheyer, Nadine Pouilly, Cathy Zambon, Jacques Motte, Richard Cuvillier, Nadine Voillat.

Edmond

Notes / Eric Lacascade

"Un homme quitte sa femme quelques heures ou pour plus longtemps, peu importe. Il a envie de prendre l'air et de s'amuser, pour pas cher, dans des bars où les filles ne sont pas farouches. Très vite cette recherche du plaisir se heurte à l'impuissance qu'il a de sortir ses dollars. La tête coincée entre le sexe et l'argent, Edmond plonge dans un univers érotique qui lui devient définitivement hostile alors qu'il cherche désespérément un lieu où on le respecte et où on le désire. Il ne trouve que duperie violence et frustration.

Les actions se déroulent cruement sous nos yeux, les mots s'enchaînent et se répondent avant que les protagonistes aient su le temps de les penser ou de les mâcher ; ici on théâtralise l'essentiel. Avec ces dialogues familiers, et ces séquences épurées le parcours d'Edmond devient une authentique quête, quête commune à chacun : la recherche de notre nature cachée. Cet homme banal, destiné depuis tout petit à la soumission et éduqué toute sa vie en ce sens - École Famille Travail -, nous est proche.

Traumatisé par excellence, cobaye souffrant lorsqu'il analyse ce qu'il vit, Edmond devient subitement monstrueux. Dans une civilisation de masque et de simulacre, où tout le monde semble déguisé avec le costard nécessaire pour obtenir ce qu'il veut, Edmond évolue comme un étranger avec tout autour de lui la vie entière.

Son drame c'est de marcher vers un but qu'il ignore : son rajeunissement. À la recherche de son identité, de sa dignité, il nous bouleverse comme un grand gosse, ou comme un fou. Comme tel, sa seule présence révèle la noirceur de l'environnement qui est le sien (un coin d'Amérique 86). Que ce soit un meurtre qui le fasse aborder à l'infini et découvrir le langage de l'âme, que de l'homme-instinct il devienne l'homme cosmique dans une réclusion préférable à la solitude du dehors, fait d'Edmond un des plus beaux personnages tragiques du théâtre contemporain."

Création en Belgique - Théâtre Varia à Bruxelles (1995)

Mise en scène de Marcel Delval


Paris - Mise en espace au Théâtre du Rond-Point (2000)

Mise en scène de Pierre Laville

Avec : Michel Fau, Claude Perron, Claude Degliame, Jacques Martial, Jean-Marie Galley, Nathalie Savary, Alexandre Vigouroux, Sylviane Duparc, Emmanuel Patron.


Création en Suisse - Théâtre du Grütli à Genève (2001)

Mise en scène de Georges Guttierez

Variations sur le canard

D'après Duck Variations de David Mamet

Variations sur le canard
Édition :
Actes-Sud Papiers

Variations sur le canard

créationCréation à Paris - Théâtre de Poche Montparnasse (1987)

Mise en scène et jeu : Etienne Bierry, Jacques Seiler.

Jacques Seiler et Etienne Bierry
Variations sur le canard / Jacques Seiler et Etienne Bierry

Critique / Armelle Héliot (Le Figaro)

"Livrés à eux-même sur la va­gue d'un texte aigu, brillant, sou­vent déconcertant, drôle, fin, paradoxal, Etienne Bierry et Jacques Seiler nous proposent un éblouis­sant divertissement, une petite heure délicieuse et rare. On sort de ce jeu ravi et délié, l'esprit lavé comme un beau ciel. Pas simples pourtant ces « Varia­tions sur le canard» de David Mamet écrivain, dramaturge et scénariste américain dont on a pu voir la saison dernière le très étonnant «American Buffalo ». Variations. Ruptures douces d'un point de vue à l'autre, au fil d'une pensée tout entière à la joie de ses fluctuations. Dans un parc, au bord d'un lac, près d'un zoo, deux amis se retrouvent, chaque jour, sur un banc. Et dissertent. Et réfléchissent à l'infini sur les sup­ports ténu que leur offre le paysage et la vie qui passe. Le ca­nard. Le monde entier tient dans un canard, c'est ce que Mamet démontre avec une jubilation communicative, très bien traduite par Pierre Laville, écrivain lui aussi. Habiles, rapides, précis, et habités de cette fièvre du raisonnement qui peut dilater un brin d'herbe aux dimensions du cosmos, nos protagonistes font merveille. Bierry et Seiler, complices, sont superbes. On rit : de tout, de rien. De ces quatorze variations cise­lées sur un rythme soutenu (l'adaptation a su retrouver ces pulsations en français), du vertigi­neux exercice, mélange de férocité et de naïveté calculée par l'auteur et des acteurs intelligents et hum­bles. À voir en apéritif."

Crimes du cœur

D'après Crimes of the Heart de Beth Henley (Prix Pulitzer)

Crimes du cœur
Édition :
Actes-Sud / Auteurs
Crimes du Cœur

créationCréation à Paris - Théâtre de la Potinière (1987)

Mise en scène François Bourgeat
Décors Alain Batifoulier, costumes Nathalie Holt, musique Dominique Probst.

Avec : Elizabeth Depardieu, Tonie Marshall, Ann-Gisel Glass, Jean-Paul Bordes, Richard Lukas, Annie Le Youdec.

Elisabeth Depardieu, Tony Marshall et Ann-Gisel Glass
Crimes du cœur / Elisabeth Depardieu, Tony Marshall et Ann-Gisel Glass

Critique / Marion Thébaud (Figaro Madame)

"Trois femmes, trois sœurs, trois caractères. Elles ne vivent pas au milieu des samovars, ne rêvent pas à Moscou, mais comme leurs aînées tchékhoviennes, elles suivent leurs états d'âme avec élan et une gaieté communicative. Elles piquent des fous rires, se disputent pour des riens ; l'une tire sur son mari, l'autre sur son chewing-gum, bref, elles sont folles, imprévisibles, drôles, émouvantes.

Trois couleurs de l'arc-en-ciel. C'est une pièce où constamment le soleil brille à travers les nuages, malgré la pluie. En deux mots, trois sœurs se réunissent pour faire face à l'incroyable : la petite dernière, Babe, a tiré sur son mari. Elles se retrouvent dans la maison familiale où Lenny console grand-père. Elles retrouvent l'odeur des goûters d'autrefois quand Meg, la plus gâtée, avait droit aux robes à volants et aux chaussures vernies. La pièce adaptée avec un plaisir évident par Pierre Laville offre trois merveilleux rôles, l'occasion pour trois actrices de s'exprimer.

Une révélation, Elisabeth Depardieu. Elle prouve qu'elle est une vraie comédienne, juste, touchante, originale dans sa façon d'être et d'imposer un rythme.

Une confirmation, Tonie Marshall. Enfin, un rôle a ses mesures. De l'abattage, des dons comiques, de la vivacité, toutes qualités inemployées tant les hommes de théâtre manquent d'imagination et l'oublient dans les distributions au profit des jeunes premières. Ici, elle prend sa revanche, épatante de bout en bout. Enfin, celle qu'on attendait sur scène, Ann Gisel Glass. Directe, sans fard, la bride sur le cou, elle est étonnante de liberté. Bref, trois comédiennes qui, sous la direction de François Bourgeat, jouent en femmes de cœur."

Hello and Good bye

D'après Hello and Good bye d'Athol Fugard

Hello and Goodbye
Édition :
Edilig/Théâtrales

Hello and Good bye

créationCréation à Paris - Théâtre Mouffetard (1987)

Mise en scène John Berry
Décor Max Berto.

Avec : Myriam Boye et Jacques Bonnaffé.

Myriam Boyer et Jacques Bonnafé
Hello and Good bye / Myriam Boyer et Jacques Bonnafé

Critique / Armelle Héliot (Le Figaro)

"Rencontre de deux acteurs singuliers dans un univers dur, terrible, aux accents mélodramatiques, ce spectacle est tout à fait bouleversant. John Berry, qui le met en scène, laisse aux comédiens l'essentiel : la force et la folie de ces deux personnages émouvants et entravés. Deux personnages sous la domination d'un père terrible, pris dans les nœuds atroces d'une famille qui a développé sa névrose en dévorant ses rejetons, comme souvent. Hester, l'hyster, la fille rejetée. Johnnie, qui ne peut que rejouer les blessures du père, petit Œdipe aux jambes faibles. Retrouvailles-affrontement, bonjour-au revoir (Hello and Goodbye) du frère et de la sœur. Règlement de comptes affectif. Affectueux. Mais ces deux-là sont des «analphabètes du cœur» : ils ne savent pas parler, se dire. Ils n 'ont pas de syntaxe sentimentale. La pièce de Fugard pourra paraître trop mélo à certains, mais elle est belle et très bien traduite par Pierre Laville qui se plie aux rythmes d'us échange frénétique et tendre pourtant. Les comédiens sont admirables. Myriam Boyer, avec cette voix si particulière de petite fille mal grandie, paumée et vaillante, est juste, passionnante. Jacques Bonnafé, immense comédien, hallucinant dans un jeu très difficile, vertigineux, reste maître de ses moindres intonations, jamais grotesque, pathétique sans effets appuyés. Bref, un très beau spectacle de vrai théâtre : l'émotion, et simplement l'émotion."

Une Vie de théâtre

D'après A Life in the Theatre de David Mamet (Obie Award)

Une vie de théâtre
Édition :
Actes-Sud Papiers

créationCréation en Belgique - Théâtre du Rideau de Bruxelles sous le titre : Ma vie est au théâtre (1988)

Mise en scène Bernard De Coster

Avec Claude Etienne, Alain Leempoel (1988 et 1989).

Pierre Laroche et Denis Carpentier
Une Vie de théâtre / Alain Leempoel et Claude Etienne

Critique / Jacques de Decker (Le Soir)

"C'est un entresol, au niveau des loges, dans un théâtre new-yor­kais. Il y a déjà des briques rouges et des passerelles en acier, comme dans la rue, mais ce n'est pas encore la rue, justement. C'est l'intervalle, la lisière, la lisière entre la scène, là où on s'efforce de faire croire qu'on est un autre, et le monde, où l'on est comme tous les autres. Ici, l'acteur est un acteur, un peu moins qu'un personnage et un peu plus que l'inconnu qui passe sur le trottoir. Les deux heures que l'on vit dans cet entre-deux-là sont les plus belles heures de théâtre qu'il nous ait été donné de vivre depuis longtemps.

La pièce est faite de vingt-cinq moments, qui ne durent parfois que quelques instants, le temps de dire une réplique, de réparer une fermeture éclair qui a lâché, de remarquer un nouveau chan­dail, de lancer un cri : « Ces critiques ! Ce ne sont pas des créateurs ! Et ils ne paient même pas pour venir nous voir ! ». Robert est un de ces acteurs dont la passion s'est accrue avec l'âge, qui adore son métier plus que tout et qui veut transmettre, passser le relais à John qui est jeune et fringant, plein d'énergie, à l'aube de sa carrière, mais qui s'attarde auprès de ce vieux ca­marade un peu ancienne école peut-être, mais dont la flamme est si vivace.

Et si l'on est si ému de ces échanges rapides, furtifs, tou­jours drôles à vous serrer la gorge, c'est que c'est de tout un chacun qu'il s'agit là de la plus tragique et plus belle chose au monde, la transmission des codes, le passage du témoin, qui permet à l'espèce humaine de taire la nique à la mort.

Claude Étienne et son disciple Alain Leempoel sont merveilleux l'un et l'autre. Claude Étienne trouve là un des grands rôles de sa carrière, peut-être le plus important, parce qu'il y met plus que son immense talent : une part secrète de lui-même. Il arrive trop rarement qu'un auteur (David Mamet peut compter ici sur la finesse et la sûreté d'adaptation de Pierre Laville) donne à un comédien l'occasion d'aller si loin dans l'aveu sans que la moindre impudeur ne s'y mêle pour ne pas saluer cette presta­tion toute de subtilité, d'ironie et d'humanité de la plus grande figure de notre communauté théâ­trale comme un événement.

Il faut courir à ce spectacle si l'on aime vraiment le théâtre. Et il n'en est pas de meilleur pour s'y convertir."

Création à Paris - Théâtre des Mathurins (1989)

Mise en scène Michel Piccoli
Décor et costumes Ÿannis Kokkos.

Avec : Jean Rochefort, Jean-Michel Portal.

Jean Michel Portal et Jean Rochefort
Une Vie de théâtre / Jean Michel Portal et Jean Rochefort

Critique / Marie-Noëlle Tranchant (Le Figaro)

"(...) Je suis un passionné d'auteurs, beaucoup plus qu'un acteur impatient de jouer. J'ai pu rester dix-sept and sans remonter sur les planches, mais qu'un auteur m'enthousiasme et je n'ai de cesse que de l'avoir fait entendre. Mon rêve, c'est qu'on me remercie d'avoir choisi ce texte. Pour moi, les deux preuves qu'on est acteur, c'est savoir faire rire (la chose la plus difficile au monde) et être confronté à un texte. A partir de là, on a déjà une bonne qualification. On peut se considérer comme un OS! Quand je pense à tous les films, aux dialogues inexistants où j'ai dû prononcer mes propres mots - j'en demande pardon aux spectateurs ! Mais je ne rougis d'aucune de mes entreprises théâtrales."

De Pinter (qu'il a convaincu de se laisser jouer sur une scène française), à David Mamet, aujourd'hui, en passant par Saunders et Peter Nichols, Jean Rochefort s'est fait une spécialité du répertoire anglo-saxon : "l'understatement me convient assez. Ouvrir des gouffres avec cette pudeur..."

Selon lui, David Mamet est un peu un fils de Pinter - "mais avec l'Atlantique entre eux : Mamet est moins cérébral, plus physiologique, plus immédiat. On retrouve l'ambiguité et le trouble, c'est le même dérangement, mais chez Mamet ça se débonde là où Pinter, ça se coinçait. Interpréter Pinter pouvait être très frustrant, parce qu'il eût été malhonnête d'exprimer trop précisément les émotions ressenties. Mamet, surtout dans cette pièce, qui est plus tendre que le reste de son œuvre, demande d'avantage de simplicité. Il y avait deux ou trois scènes qui me dérangeaient parce que j'y cherchais de l'ironie - et il n'y en avait pas. Ce sont de simplement des choses du coeur.

Une vie de théâtre met aux prises deux comédiens : le premier célèbre et vieillissant (Rochefort), l'autre jeune débutant (Jean-Michel Portal). Et c'est Michel Piccoli qui signe la mise en scène de ce duel d'acteurs : Conflit de générations, explique Rochefort, rapports douloureux de comédien à comédien, relations père-fils compliquées, d'autres nuances puisqu'ils ne sont pas père et fils; on nage en eaux troubles, mais avec humour, tendresse et dérision. Mamet est un tel "homme du bâtiment" qu'il agence cela formidablement, et rend la situation et les sentiments universels. (...)"

Nouvelle production du Théâtre Le Public à Bruxelles

Mise en scène Patricia Houyoux

Avec Pierre Laroche, Denis Carpentier (2002) .

Le Châle

D'après The Shawl de David Mamet

Le Châle
Édition :
Actes-Sud Papiers
Le Châle

créationCréation à Paris - Comédie Française au Petit-Odéon (1989)

Mise en scène Yves Gasc
Décor Pace.

Avec : Yves Gasc, Geneviève Casile, Alain Fromager.

Genevieve Casile, Alain Fromager et Yves Gasc
Le Châle / Genevieve Casile, Alain Fromager et Yves Gasc

Notes par Yves Gasc

"Comment appelle-t-on ces gens, déjà ? Mages, spirites, devins ? Ils sont un peu tout cela, selon leurs dons. A New York, comme dans toute autre grande ville, ils habitent, s'ils ne sont pas célèbres, un modeste apparte­ment, où ils consultent dans l'ombre, à l'abri des yeux et des oreilles indiscrets. John, le « voyant », est-il sincère vis-à-vis de Miss A., sa riche cliente ? Charles, le jeune ami-assistant, si démuni, est-il sincère à l'égard de John ? Que cache au juste Miss A. ? Voilà trois êtres penchés sur l'avenir et le passé, mais aussi au-dessus d'une importante somme d'argent. Certes ils luttent entre eux, rusent et se piègent. Quelle sera l'issue du combat et y aura-t-il même un vainqueur ? Toutes ces questions sont celles posées par la pièce de David Mamet et ses personnages. Un huis-clos inquiétant mais qui n'a rien d'infernal, malgré les apparences. (Même si l'on assiste à une séance de spiritisme où revient l'esprit d'une femme assassinée en 1843.) En fait, Mamet s'interroge sur les apparences, sur la réalité, sur le jeu de la vie. Y a-t-il un « truc » qui justifie également notre présence sur terre, nos amours, notre angoisse ? Mamet sait écrire pour les acteurs ; son dialo­gue, si bien réinventé par Pierre Laville, est instinctivement mais impérativement musical, avec ses pauses, ses rythmes particuliers. Pourtant, c'est le naturel même ; et bien au-delà des problèmes de voyance, ne peut-on déchiffrer, à travers la trame de ce Châle, les pensées qui remuent tout comédien ou metteur en scène — tout créateur d'illusion — en face du paradoxe éternel que constitue la présence du « théâtre » dans sa vie."

Paris - Mise en espace au Théâtre du Rond-Point (2000)

Mise en scène Pierre Laville

Avec : Michel Vuillermoz, Valérie Kaprisky, Xavier Laffitte.

Le Diamant rose

D'après A Bit between the teeth de Michael Pertwee

Le Diamant rose

créationCréation à Paris - Théâtre Daunou (1989)
Filmé par Antenne 2

Mise en scène Michel Roux
Décors et costumes André Levasseur.

Avec : Jacques Balutin, Henri Courseaux, Jean-Claude Islert, Nadine Col, Sylvie LeBrigant.

Notes / Georges Herbert

L'enthousiasme, la passion, l'énergie, le talent dont tu fais preuve dans tout ce que tu entreprends m'ont toujours stupéfié. Tes activités sont multiformes, toutes centrées autour du spectacle. Avec le même succès, tu écris de fort belles pièces - tu fais des adaptations brillantes, quel que soit le style des auteurs qui te confient leurs œuvres.

Tu as créé et tu continues à diriger, avec ton habituel dynamisme, la revue ACTEURS, que tous les professionnels ou spectateurs devraient lire régulièrement car ils y trouveraient une documentation exceptionnelle sur toutes les activités du Théâtre.

Comme ton grand ami Marcel MARÉCHAL, tu considères que les crédits qui sont attribués aux animateurs des établissements du secteur théâtral public ne sont pas destinés à leur permettre de choisir des pièces de nature à satisfaire leurs propres fantasmes, mais d'apporter au plus large public de la Joie, de la poésie.

Tu es, à toi seul, un incroyable monument de Culture mais, avec une telle gaîté, une telle simplicité, qu'après t'être consacré à des œuvres d'un tout autre style, ton appétit de vivre et de tout connaître te donne aussi parfois des envies de récréations par exemple, en adaptant Le Diamant rose dont le comique explosif, merveilleusement servi par des comédiens de premier plan et un des meilleurs metteurs en scène actuels, va certainement enchanter pendant de très nombreuses représentations le public du si sympathique Théâtre DAUNOU.

J'allais oublier, entre autre, ce petit grain de folie qui t'a incité à me demander quelques lignes pour le programme, alors que nombre de tes amis, infiniment plus célèbres que moi, auraient été ravis de les écrire.

C'était à tes risques et périls, tant pis pour toi, cela me permet de t'asséner quelques vérités notamment celle-ci: J'ai beaucoup d'estime et d'amitié pour toi.

Aventures d’un jeune médecin

D'après le roman de Mikaïl Boulgakov

créationCréation à Marseille - Théâtre national de Marseille / la Criée (1991)

Avec : Jean-Paul Bordes, Annie Le Youdec.

conception / réalisation / maintenance Vincent PAROT